20 avril 2009

Les raras de Jakmel

Avec tout ce que j’avais lu et entendu d’Haïti durant ces trois derniers mois, il fallait que j’y retourne, que je vois davantage que Ounaminthe et Cap Haïtien … Jakmel était la destination de choix pour passer les quelques jours fériés de Pâques auxquels j’avais droit. Après avoir envisagé de voyager à bord d’un hélicoptère de la MINUSTAH de Cap Haïtien à Port-au-Prince, nous nous sommes finalement envolées, Paola, Cécile et moi à bord d’un mini coucou de la Tortug Air pour 25 minutes de vol, jusque là sans encombre.

Port-au-Prince : ville tentaculaire, de béton (pour ce que j’en ai vu), dont les constructions s’étendent des flancs de la montagne –où vivent riches port-au-princiens et expatriés (Pétion-ville)- au fond de la vallée -énorme décharge à ciel ouvert où le moindre caniveau, le moindre ruisseau, le moindre espace laissé entre deux bidonvilles, déborde d’immondices-. Seuls les bus, peinturlurés de couleurs chatoyantes à l’effigie de Barak Obama, du Che, de Bob Marley, Nelson Mandela, Martin Luther King ou autre joueur de foot argentin, et les chapeaux et t-shirts ultra colorés des haïtien(nne)s contrastent avec le gris et les fatras. 

Nous n’y avons fait qu’un bref passage, heureusement, avant de nous embarquer à bord de la jeep d’Emmanuel, un ami de Cécile et Ilse & Edris, le couple belgo-haïtien, chez qui nous allions passer le week end. Que d’aventures chaque fois que je mets le pied sur le sol haïtien : 2,5 heures pour sortir de P-au-P tellement le « blokis » était horrible, un route de montagne sinueuse, une carrière, de la poussière et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire BOUM, accident ! Grâce à Dieu (comme ils le diraient ici et là bas …), rien de cassé, enfin si, le pare-brise, le pare-choc, qq bleus, une arcade sourcilière en sang et trois points de suture pour Paola … Mais tout cela n’est rien au regard de la peur que nous avons ressentie à de multiples reprises lors de la descente, dans la montagne, à la nuit tombée, durant les 35 km qui nous restaient à parcourir pour atteindre Jakmel, à bord de cette jeep cabossée, à laquelle il ne restait plus qu’un seul phare viable et un conducteur choqué et macho qui refusait obstinément de nous laisser le volant ! Je crois avoir passé 2 heures à répéter « a dwat, dousman, stooooooop » !!! Pour finir par m’énerver un bon coup lorsque ce malheureux qui nous avait déjà fichu dans le décor voulut dépasser un camion en plein virage ! Enfin, disons que « tout est bien qui fini bien », nous sommes vivantes et avons, après cela, passé un très agréable week end à Jakmel. Paola ne gardera même pas trace de ces point localisés en plein sourcil et merveilleusement réalisés par un médecin haïtien ayant étudié à Cuba.
Jakmel : jolie petite ville de la côte caraïbe, aux demeures coloniales abandonnées, décolorées, décrépies ou reconverties en hôtels ou galerie, où règne une ambiance paisible propice à la création artistique haïtienne. Un endroit qui, il y a encore quelques années paraît-il, était resplendissant et visité par de nombreux touristes. L’atmosphère romantique et la volupté d’antan planent toujours sur le Ja
kmel de René Depestre (Hadriana dans tous mes rêves) mais la ville est quelque peu désertée et défraîchie, laissant juste le souvenir d’un autre temps parcourir ses rues.

Week end de Pâques oblige, nous avons rencontré sur notre route, nombre de raras, processions mi-carnavalesque, mi-vaudou, mêlant costumes ultra-colorés, musique, rituels, figures symboliques et religieuses, à un rythme tribal célébrant le retour du printemps. …. Les images parlent d’elles-mêmes !

A venir ...

Un week end riche en émotions donc, en découvertes et en échanges culturels où se mêlèrent espagnol, français, créole évidemment et même flamand puisque notre hôte est originaire du nord du pays. Un bon mixe pour une bonne recette, l’accident en moins évidemment ! Et une envie encore plus intense de retourner en Haïti pour y passer encore plus de temps à découvrir ce pays si particulier et si attachant! 

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