10 décembre 2008

Ai Dajabon ... Que lindo es ... con la riviera del Masacre que bien te ves ...

Mon temps ici prend déjà fin, il aura filé, mais pas à cette vitesse à laquelle passe le temps chez nous, pas avec cette rapidité qui me fatigue si souvent, pas au point d’avoir du faire des choix faute de temps, pas au point de courir après lui en s’essoufflant d’essayer de le rattraper alors qu’il continue sa course infernale … non rien de tout cela, juste un peu vite car quand on aime faire quelque chose, quand on se sent bien quelque part, on aimerait que ça dure encore un peu plus longtemps … Quelle belle expérience j’aurai vécu ici, quelle riche expérience ! Il s’en sera passé des choses pendant ces 3 petits mois, j’en aurai ressenti des choses, j’en aurai rencontré des gens, fait des découvertes, j’en aurai eu des émotions, des vibrations … je me sens chargée de tout cela et au moment de partir se mêle toutes ces choses pour générer une charge émotionnelle intense. Penser à quitter cette petite vie que je me suis construite ici, ce petit monde qui m’entoure au quotidien, toutes ces choses que je découvre chaque jour, ce monde dont j’ai encore tant à apprendre, cette réalité à laquelle j’ai à peine commencé à appartenir, c’est dur et à la fois tellement fort. Difficile à comprendre sans doute, difficile à expliquer aussi à qui n’a pas partagé un petit bout de cette vie mais c’est bon je vous assure !!! Des portes déjà entre-ouvertes s’ouvrent davantage, des réfléxions entamées en Belgique ont poursuivi leur chemin, de nouvelles perspectives naissent, de nouveaux choix se présentent mais même si rien de tout cela n’est simple, c’est fort, je me sens vivre, pleinement, entièrement et rien que pour cela, je sais que j’ai eu raison de venir ici !

En attendant le départ, agenda chargé : boulot à boucler, évaluation, fête avec nos petits haïtiens du Centro Puente, festival fronterizo, mariage et puis bagages, larmes et bye bye …

RDV dans un mois pour les détails. D’ici là, mon amoureux vient me rejoindre pour qu’on découvre ensemble les parties de l’île que je ne connais pas encore et pour que je lui montre un petit bout de ce que j’aurai vécu ici … Je vous dis donc rdv en janvier, à Bxl, peau tânée, sourire aux lèvres, regard un peu nostalgique, tête chargée de souvenirs, coeur battant encore plus fort qu’avant !

22 novembre 2008

Deportación

C’est le désarroi, le sentiment d’inutilité dans sa toute puissance, je me sens groguie, étourdie, bouleversée par ce que nous avons vécu ce matin. Je devais accompagner deux français qui réalisent un reportage sur la frontière, à Feryé, en Haïti, où ils allaient filmer des haïtiens traversant la rivière sur des chambres à air, pour rejoindre la RD.  La pluie faisant, le périple semblait impossible à réaliser mais le rdv était pris avec le chauffeur et il fallait se rendre à la frontière … là, c’était autre chose qui nous attendait: Un camion rempli d’haïtien, 93, hommes, femmes et enfants, prêts à être rapatriés, déportés comme ils disent ici, pour avoir été trouvés sur le territoire dominicain sans papier. 

La plupart d’entre eux s’étaient embarqués à bord d’un camion, pour 4000 pesos par personne (100 €), dont le chauffeur aurait pris le fuite, avec tout l’argent évidemment, les laissant aux mains des militaires, qui se chargèrent apparemment rapidement de les dépouiller du peu qu’il leur restait. Sans papier, sans argent, sans chaussures pour certains, le ventre vide, sans nulle part où aller parce ce que j’oublie de signaler qu’ils viennent de Jakmel, à 12h de Wanament…. Vous imaginez le tableau ! Non, vous ne pouvez pas, c’est terrible ! Du côté dominicain, les agents de la migration les ont compté, ont pris leurs noms et les ont ensuite accompagnés jusqu’à la frontière, sans jamais se soucier de leur sort une fois passé le pont.

Sans violence non plus, du moins physique … mais en leur parlant un mauvais créole, en les appelant tous “haitioano”, sans distinction de genre ou d’âge, et en les regardant comme des criminels sans nom. Leurs seuls crimes: avoir préféré dépenser leurs 4000 pesos à payer un passeur plutôt que s’être fait faire un passeport et un visa, avoir eu l’espoir de vivre mieux de l’autre côté de la frontière, où en tout cas, de souffrir ailleurs qu’en Haïti, être noir aussi certainement et haïtien évidemment. Du côté haïtien, personne pour les accueillir, ni militaire (les casques bleus sont là mais pas pour ça … on se demande pourquoi d’ailleurs car il ne me semble pas avoir senti quelconque tension à la frontière, en tout cas de nature à requérir l’intervention des forces de l’ONU…?), ni autorité de la migration. Ces gens sont donc restés groupés, d’abord sous un arbre, puis plus loin, sans savoir quoi faire, où aller…  livrés à eux-mêmes dans leur pays, mais loin de leur point de départ et aussi loin de leur point d’arrivée. Aucun centre d’accueil non plus et ce alors qu’environ 3000 haïtiens sont ainsi déportés par an, dans les mêmes conditions… Par chance un des membres du personnel de Solidarité Frontalier était présent pour aider nos reporters français, il a donc pu contacter le responsable de communication (chargé de dénoncer les manœuvres pas très nettes des militaires) et les pères jésuites de Solidaridad Fronteriza afin que d’une part, les effets « confisqués » par les militaires soient restitués à leurs propriétaires, et que d’autre part, certains des haïtiens (6) soient pris en charge. Pourquoi certains, parce que l’aide prodiguée par ces associations requiert certaines conditions, et notamment celle de  d’avoir passé au moins 3 mois sur le territoire dominicain (et avoir donc déjà commencé à construire une vie ici…)… 

On peut s’interroger sur ces conditions, sur l’absence d’autre type d’assistance directe, sur le rôle des ONGs à la frontière, celui des Nations Unies, mais ce qui a suscité le plus de questions chez moi, c’est mon rôle à moi, qui ait passé quelques heures à côté de ces personnes, spectatrice de la scène, paralysée face à ces gens parqués comme des bêtes dans un camion, face à ces enfants, ces femmes, ces hommes au regard grave, tantôt révoltés, tantôt résignés, tantôt chargé de rage ou de tristesse mais un regard qui en dit long sur ce qu’ils vivent. Que devais-je faire ? Que pouvais-je faire ? Je me sentais voyeuse, impuissante, inutile, voire insultante vu ce que je dois représenter à leurs yeux … Leur payer à boire, qqch à manger, aider une petite mamy a porter un sac plus gros qu’elle, être à leurs côtés et essayer de voir qui pouvait les aider, voilà tout ce que j’ai pu faire … Aurais-je dû faire plus ? Aurais-je pu faire plus ? Sans doute mais je m’en suis trouvée incapable à ce moment tellement j’étais bouleversée et tellement mes questions ne trouvaient pas de réponses immédiates … Je peux vous assurer que c’est le cœur très lourd et le regard perdu que j’ai repassé la frontière pour retrouver le « confort » de la vie dominicaine. A ce que nous savons, certains ont pu rejoindre Jakmel, d’autres ont sans aucun doute retenté leur chance de passer la frontière, d’autres errent peut être toujours à Wanement en cherchant désespérément à trouver le moyen ou de rentrer chez eux, ou de repasser la frontière …

Images de cette journée un peu spéciale à visionner dès que le docu de Séb & Yan sera monté !

12 novembre 2008

A lire sur Volens America

14/10/2008  Republica Dominicana

Stagiaire en immersion : Sarah Grandfils

La région AMCA a eu l’honneur de voir arriver, il y a une dizaine de jours, la deuxième stagiaire d’immersion. Sarah Grandfils, une jeune femme belge de 29 ans, est en effet venue rejoindre notre "famille" pour collaborer avec le Centro Puente, dans le nord de la République Dominicaine, pendant les 3 prochains mois.

Ici un petit interview avec Sarah, qui parle de ses premières impressions de sa nouvelle expérience comme stagiaire-coopérante.

6 novembre 2008

Depêche : CESFRONT mata joven haitiano en las rivera del Masacre


Noviembre 06, 2008

CESFRONT abat un jeune haïtien sur les rives de la rivière Massacre*

Pour vous résumer les faits brièvement : Hier, un jeune haïtien âgé de 18 ans à peine a été abattu d’une balle dans la poitrine par un militaire de Cesfront (la milice frontalière dont je vous ai déjà parlé). Les faits se seraient déroulés à l’occasion d’une dispute entre les deux hommes concernant des « taxes » perçues par le jeune homme, au passage de ses compatriotes par la rivière, « taxes » dont il n’aurait pas entièrement retourné le produit à ce milicien véreux …  Ce dernier est actuellement derrière les barreaux.

Voilà donc un bel exemple de ce qui se passe à la frontière, de la corruption, de la violence (pas souvent perceptible par nous mais bien par les haïtiens) et de là où cela mène…

La frontière est paraît-il fermée depuis lors, les dominicains craignant des représailles de la part des haïtiens… Je dis « il paraît », car je suis loin de Dajabon en ce moment mais le climat ne doit pas être à la fête. J’imagine que les casques bleus de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti) ont renforcés leurs rangs du côté haïtiens et que les militaires dominicains sont sur leurs gardes. 

Je rentre lundi soir, je vous en dirai plus à ce moment là !  

* Rivière qui sépare Dajabon, RD, de Ouanaminthe, Haïti – dénommée comme cela depuis le massacre des haïtiens ordonné par Trujillo en 1937

5 novembre 2008

Un mois déjà ...

A l’exception d’une petite poignée de privilégiés, je vous ai laissé sans nouvelle depuis quelque temps mais pas d’inquiétude à avoir, tout se passe toujours aussi bien sous le soleil de Dajabon !

Je vous prépare un article sur la frontière qui n’attend plus, pour être finalisé, que mon passage del otro lado del rio, en Haïti,  afin que je puisse réellement vous relater ce qui se passe ici dans cette partie du pays où coexistent 3 cultures : la dominicaine, l’haïtienne et la frontalière.

Mon stage au Centro Puente suit son cours. Je me suis résolue à me passer d’une quelconque planification de mes tâches, lesquelles ne sont d’ailleurs pas définies de façon très claire non plus. J’avance donc pas à pas, au gré de ce qu’on sollicite de moi, au gré des réunions auxquelles j’assiste, qui me permettent d’appréhender de mieux en mieux la réalité de cette région, des rencontres, des visites, qui revêtent la majorité du temps un caractère binational, des initiatives que j’essaye parfois d’insuffler sans jamais rien imposer, de la formation en droits de l’homme que je suis, des cours de kreyol ak Madamn Monik (il y a encore des progrès à faire mais je parviens déjà à me faire comprendre… les comprendre, par contre là, c’est autre bagay)… J’appuye Marie quand elle a besoin de moi ainsi que les coopérants de Volens, quand ils ont besoin d’un support en français à destination d’Haïti. J’ai la chance également de pouvoir profiter d’une formation organisée par Volens pour ses coopérants…à laquelle je pars actuellement (je vous écris depuis le bus qui m’emmène à la capitale !).

J’accumule donc les découvertes, les expériences, j’observe, je sens, je vis avec le Centro, les gens qui y travaillent, les enfants (limpia botas) qui passent s’y reposer, boire de l’eau ou jouer, les  femmes du marché, la petite madame qui lave mon linge (Telma), nos voisins qui tiennent l’épicerie d’en face (Juana et Tito), les autres coopérants, le personnel local des ONGS et institutions que je fréquent … tous ces gens qui rendent l’expérience encore plus riche et qui m’en apprennent chaque jour davantage.

Une fois qu’on a réussi à mettre de côté notre vilaine tendance à vouloir à tout prix agir, atteindre des objectifs, obtenir des résultats, le plus vite possible, le plus efficacement possible, et qu’on se concentre sur le chemin que la population bénéficiaire à laquelle on est venu donner notre appui, suit, à son propre rythme, l’expérience prend une autre dimension ! Il faudrait bien plus de temps pour passer à l’étape de réalisation, temps dont je ne dispose précisément pas (à mon grand regret). Plutôt que de me fixer des objectifs inatteignables en moins de trois mois, je préfère donc me concentrer sur ce que je suis venue faire ici : m’immerger ! Et si au passage, je peux réaliser l’une ou l’autre chose, ce sera tout bénéf ! En attendant, je m’immerge donc, à fond, et croyez-moi, j’aime vraiment cela !

D’un autre côté, il y la vie ne dehors du Centro qui n’est pas désagréable non plus … mes soirs de semaines, parfois tranquilles : cuisine, lecture, petit film ; parfois plus divertissants : partie de billard ou de domino, petit verre entre potes, sur la terrasse ou dans un bar. Quant aux week end, ils sont rythmés non seulement de bachata et de merengue mais également d’escapades hors du bruit de Dajabon, à la mer ou à la campagne, depuis quelques week end, avec toujours au moins deux acolytes québécois, vous l’aurez sans doute constaté en regardant mes photos… La combinaison Belgique-Québec, certainement très drôle à écouter pour un français, est ma foi assez bonne quand il s’agit de savoir faire la fête et de profiter des choses de la vie.

Je vous ai d’ailleurs concocté un petit reportage photos mettant en scène Carl, l’un des chercheurs d’Or, en plein travail, dans la région de Restauracion où ils creusent, segmentent, marquent, forent, prélèvent, analysent, établissent des profils géologiques, et font encore bien d’autres choses étranges à mes yeux…

Le temps est donc au beau fixe ici en RD! A Hong Kong, par contre, la tempête (financière) fait rage,… Heureusement qu’un arc en ciel nommé skype relie quasi quotidiennement ces deux points opposés du globe pour nous permettre de partager nos expériences respectives …  

21 octobre 2008

El Mercado Binacional

Lundi matin, jour de marché. Le réveil est matinal, 6 heures, j’entends des gens qui discutent (fort !) dans la cour juste derrière …. Les vendeurs, eux, doivent être levés depuis bien plus longtemps, certains (surtout haïtiens) devant parcourir de grandes distances pour venir vendre ou acheter sur le marché de Dajabon. Dehors, c’est l’agitation, les va-et-vient entre  les deux côtés de la frontière sont incessants, les gens marchent vite, courent, se bousculent, les haïtiens sont chargés comme de baudets, ils tirent des charettes surchargées, des brouettes qui débordent de marchandises, portent de bassines sur leur tête qui doivent peser des tonnes,  des sacs plein à craquer … Tout cela sans parler des dominicains qui, comme je vous le disais précédemment, ne quittent pas leurs motos et veulent à tout prix passer entre les étales, les porteurs haïtiens, les acheteurs, les vendeurs ambulants … je vous laisse imaginer la cohue ! Maintenant imaginez deux blanches au milieu de tout cela, dont une (moi) appareil au poing … Certains nous regardent intrigués, d’autres amusés, nous nous faisons tantôt appeler “blanc blanc” par les haitiens, tantôt “americanas” par les dominicains, certains aiment qu’on leur tire le portrait, d’autres grondent en voyant l’appareil s’approcher… les moues, les sourires, les couleurs, les chapeaux, tout donne envie de canarder…

En réalité, c’est toute la ville qui est en ébullition. Les marchandes ambulantes haïtiennes sillonnent les rues en vendant des culottes, du dentifrice, des avocats, les trottoirs sont envahis de petites étales improvisées, à même le sol, comprenant quelques produits de toutes sortes. Sur le marché en lui-même, on trouve à peu près de tout : des fruits (citron, oranges, bananes, ananas, fruits de la passion, papayes, goyaves ainsi que d’autres dont je ne connais encore ni le nom, ni la saveur), des légumes (tomates, salades, carottes –énormes-, avocats, pdt, poivrons, aubergines, courges, brocoli, etc), du riz, des pâtes, du sucre, des épices, des espèces d’énormes saucissons style saucisses zwan géantes, des poissons séchés, du savon, des casseroles, des sèches cheveux, des sacs, des chaussures & vêtements de seconde main venus directement de nos pays (dont des pantalons de ski, si si, je vous assure !)… On se croirait vraiment en Afrique … sans les mouches, ou presque !

Si ce marché binational, bihebdomadaire, n’était pas le théâtre d’abus de différentes natures (perception de taxes illicites, droit de passage abusif à la frontière, abus de pouvoir des miliciens du CESFRONT, corruption, traite d’êtres humains, traffic de drogue – je n’ai pas encore pu constater de mes yeux vus, ces dernières infractions mais c’est bel et bien le cas …) ce marché serait tout simplement une merveilleuse occasion donnée aux deux communautés voisines, haïtienne et dominicaine, de partager denrées et produits, commerce et besoins, culture et langues, pour le meilleur intérêt de chacun … La réalité est malheureusement plus complexe et moins réjouissante, raison pour laquelle Centro Puento, comme d’autres associations touchant aux problématiques frontalières et aux flux migratoires, ont vu le jour ici, à Dajabon !

14 octobre 2008

Une réalité bien différente ...

Ce week end, nous avions décidé d’échapper au bruit de Dajabon et d’aller dire un petit bonjour à nos nouveaux amis canadiens le vendedi soir et ensuite, de profiter de leur lift vers Puerto Plata pour passer le we à la playa.

Direction Loma de Cabrera donc, vendredi après le “boulot”, pour une soirée bien arrosée et dansante avec nos géologues – chercheurs d’or : Marie-Jo, Karl (rencontrés à Monte Cristi dimanche dernier), François et Isaac, leurs deux comparses.

Samedi, 3 heures à peine après nous être couchées, nous embarquons dans la jeep direction Puerto Plata. 3 heures de route à vive allure, une fuite et un changement de véhicule plus tard, nous voilà arrivées à Sosua d’abord, pour un petit déjeuner au milieu des boutiques à touristes plantées les unes à côté des autres sur le bord de la plage … Le paysage est déjà bien différent de celui de Dajabon : touristes à gogo, souvenirs bidons, rabatteurs s’adressant à nous en Anglais (suis-je bête, nous sommes blanches, donc forcément américaines … ) et essayant de nous vendre des tableaux haitiens, des statuettes africaines ou des pareos horribles … tourisme de masse, nous voilà !

C'était sans compter sur ce qui nous attendait après … nous allions retrouver Paola (argentine) et Apokalipsis (Mexicaine), toutes deux coopérantes Progessio, à l’hôtel Barcelo, all inclusive de Playa Dorada. Une fois l’entrée passée, nous entrons dans un autre monde : pelouse verdoyante coupée rase, voiturettes de golf et camions chargés de touristes ventripotants (bien plus encore que nos dominicains), grosses voitures blinquantes, hôtels flambant neufs, gardiens, grooms, … A peine nous sommes nous enregistrées à la réception qu’on nous attache au poignet un de ces fameux bracelets qui donne accès à tous ce qui est inclus dans le prix, à savoir boissons et bouffe essentiellement. Je vous laisse donc imaginer à quoi les gens passent leur temps dans ce genre d’établissement … ce qui explique sans doute pourquoi ils sont peuplés de tellement de personnes obèses et bourrées du matin au soir … voir autant de bouffe, autant de gens s’empifrer comme cela, c’est vraiment écoeurant quand on vient d’un endroit où nous croisons tous les jours des gens qui n’ont pas de quoi manger et qui nous réclament à peine 5 pesos (moins de 10 centimes d’euro) pour essayer, à la fin de la journée, d’avoir suffisamment récolté pour se mettre un petit quelque chose dans l’estomac…  

Ce sont sans doute des vacances intéressantes du point de vue budget pour nous européens… ce sont sans doute des vacances faciles où on ne se soucie de rien, à part des horaires des différents bars & restaurants … des vacances de rêve sans doute pour certains, au bord d’une belle plage, où les sièges sont idéaux pour se faire rôtir toute la journée, juste à côté d’un bar et d’un restaurant où l’on peut aller se sustenter sans aucune limite … mais pour moi, cela a définitivement résolu la question de savoir si je retournerais dans ce genre d’établissement, par la négative … Où sont donc les petites cabañas sur la plage, les petites posadas pleines de charme où l’on peut discuter avec le tenancier, les paillotes où l’on peut manger du poissons fraîchement pêchés le matin, les petits bars sur la plage où l’on peut dégouster une bière ou un cocktail tranquille, au milieu des locaux, en écoutant du merengue ??? Je compte bien mettre à profit les we qui me restent pour les dégoter ces joyaux authentiques, ces vrais endroits dépaysants, loin, très loin de cette masse de touristes todo incluido !

8 octobre 2008

Premières Impressions

Voilà plus d’une semaine que je suis ici, à Dajabon, à la frontière entre la Rép. Dom. et Haïti, il est donc grand temps de vous faire part de mes premières impressions.

Je m’attendais à débarquer dans une ville frontière à l’ambiance un peu glauque et sordide, je suis donc agréablement surprise par Dajabon, qui est en réalité un gros village, avec ses personnages connus et/ou reconnus, ses petites épiceries ou colmados à chaque coin de rue, son super marché, sa pompe Texaco, à côté de laquelle a ouvert un des endroits les plus « tendance » de la ville : le café Beller, du nom de la famille qui possède tout ou presque ici … Ses fêtes patronales aussi, célébrées depuis mon arrivée, avec élection de la Miss des  patronales, toute de brillants et paillettes vêtue, concerts tous les soirs, « attractions » de type « grand roue » et balancelles (héritages d’une autre époque, je vous assure, ça fait peur !), sa musique tonitruante, ses bières Presidente, son rhum Brugal (pas le meilleur mais il se laisse boire avec un glaçon, un peu de sucre de canne et de citron vert … ça vous donne envie hein ?!) et, en conséquence, ses borachitos en fin de soirée. La « ville » est donc en ébullition depuis une semaine et c’est franchement amusant !

Dajabon, c’est aussi le marché binational du lundi et du vendredi, à l’occasion duquel les vendeurs haïtiens et dominicains débarquent en nombre pour vendre fruits & légumes, vêtements & chaussures, batteries de cuisines, chaises en plastiques ainsi que toute une série d’autres choses plus ou moins utiles … les acheteurs se bousculent, les haïtiens font des allers-retours incessants entre la RP et Haïti, amenant les marchandises, en ramenant d’autres, tout cela générant une effervescence proche de celle d’une fourmilière.

Il y a donc de l’activité dans cette ville frontière, et ce n’est pas pour me déplaire.

J’habite avec Marie, la coopérante belge de Volens, qui est ici pour 2 ans et demi. Elle m’accueille dans son appartement, situé aux « portes » du marché et à, à peine 5 minutes du Centro Puente où nous travaillons toutes les deux. C’est assez commode et bien fichu, je n’ai pas à me plaindre, loin de là ! D’autres coopérant(e)s (Paola – Argentine ; Miguel Angel – RD ; Virginia – Espagne) tous très sympas et bien festifs habitent également dans la même rue, ce qui laisse présager de bonnes soirées.

L’accueil fut également très chaleureux au Centro Puente, où je me sens déjà presque comme chez moi au milieu de Gloria (l’intendante), Marilis (la juriste), Magdalena (la responsable de la boutique d’artisanat), Antonio (qui s’occupe des enfants haïtiens), Miguel Angel (coopérant Progesio), Arcadio (le coordinateur) et Marie… Il manque juste parfois une place pour que je puisse m’installer et travailler mais on s’organise, et on fait avec les moyens du bord. Les lignes de ma mission se dessinent doucement, au gré du temps que Marilis a à me consacrer et du matériel dont je dispose. En attendant, j’observe, je rencontre du monde, j’écoute, je pose des questions pour essayer de comprendre ce qu’on attend de moi et ce qui est réalisable en 3 mois. Il faut de la patience, ce qui n’est pas ma plus grande qualité mais je suis là pour apprendre, cela, entre autres choses qui font partie de la vie de coopérant.

Je pourrais également vous faire part de mes impressions sur le contraste entre dominicains et haïtiens, sur les injustices et les abus dont ces derniers sont victimes, sur leur misère (que je constate déjà de ce côté-ci de la frontière et qui doit être bien pire encore de l’autre côté), sur les différents projets des ONGs qui agissent dans la région, etc mais je préfère laisser cela pour plus tard, afin que mon œil critique s’affine, que mes informations se complètent.

En bref, pour terminer ce deuxième message, voici quand même quelques caractéristiques communes aux dominicains :

-le dominicain (homme comme femme) est ventru

-le dominicain aime mettre la musique à fond la caisse pour que tout le monde partage sa passion pour la bachata ou le merengue, et ce à toute heure du jour ou de la nuit

-le dominicain ne se déplace jamais à pied … il préfère enfourcher sa moto, même pour faire 10 m et trouve étrange que tu marches 4 blocs d’affilée, sans t’arrêter

-le dominicain est mateur et émet un petit bruit entre le psssst et le tsssssst pour attirer l’attention de la fille qu’il reluque, sans aucune gène

-le dominicain boit beaucoup de rhum et de bière, du lundi au dimanche, sans discontinuer

-le dominicain n’aime pas être seul, et ne comprend pas que tu aimes, toi, être parfois seul(e) ou juste un peu à l’écart du monde

-une qualité, quand même, le dominicain est souriant, chaleureux et accueillant … les petits noms dont ils m’affublent allant de mi amor, querida, linda, guapa, bella, preciosa à Sarita sont tous plus adorables les uns que les autres !

La suite au prochain épisode...

Mon projet

Depuis quelques années maintenant, les questions se bousculent dans ma tête quant à ce que je veux faire de ma vie professionnelle, quant au sens que cette vie professionnelle doit revêtir pour moi, quant à mon utilité, quant à mon épanouissement professionnel … vastes questions n’est-ce pas ?! La réorientation du barreau vers le domaine de la coopération internationale que j’ai opérée il y a deux ans, à notre retour d’Amérique du Sud, me convient parfaitement au niveau du secteur d’activités mais dans le secteur privé… cela ne me semble pas toujours très cohérent, outre le fait que je travaille dans l’international mais derrière mon pc, à Bruxelles, loin des projets, loin du terrain. Pour évoluer dans ce secteur et me rapprocher davantage de valeurs dans lesquelles je me retrouve, il n’y a malheureusement pas de secret, il faut partir ! Pas de souci (si ce n’est celui de quitter mon amoureux …), c’était justement ce que je voulais faire depuis notre retour de voyage !

Restait donc à trouver un moyen de partir, une ONG avec laquelle partir (et ce alors qu’à part une mini expérience de volontariat en Bolivie, durant un mois au Centro Intercultural Circo Infantil, je n’ai aucune expérience de terrain et une expertise encore trop jeune pour pouvoir être valorisée). Je souhaitais par ailleurs trouver quelque chose de relativement court, vu qu’il s’agissait de ma première vraie expérience de terrain, sans savoir si cela me plairait, et évidemment, pour ne pas être séparée trop longtemps de mon chéri.

Ce fut chose faite, en mars, lorsque lors de ma consultation hebdomadaire du site d’acodev, j’ai repéré l’annonce de Volens pour un stage d’immersion sur projet. Un fois le dossier rempli, les projets classés dans l’ordre de préférence, les choses se sont passées très vite : acceptation de ma candidature, réunion d’information, demande de congé sans solde au boulot (là, cela a été un peu plus laborieux…), we de formation, choix du projet indiqué en tête de liste confirmé et zou, tout était bouclé !

Le projet de mon choix est donc celui de Centro Puente, à Dajabon, République Dominicaine. Dajabon se situe à la frontière nord entre la Rép. Dom. et Haïti. Les deux communautés se côtoyent donc en permanence et plus particulièrement deux fois par semaine, à l’occasion du marché binational qui se tient du côté dominicain.

Vous connaissez sans doute la situation difficile d’Haïti, non seulement au niveau de sa vulnérabilité aux catastrophes naturelles (cyclones, ouragans, etc) mais également au niveau politique, social et économique (le pays est non seulement le plus pauvre d’Amérique latine mais également un des plus pauvres au monde). On a d’ailleurs coutume de considérer que lorsque l’on passe la frontière entre les deux pays, l’on passe de l’Amérique latine à l’Afrique… Ce déséquilibre entre les deux pays partageant pourtant la même île, le même passé colonial, ainsi que les différences les caractérisant, notamment physiquement et au niveau de la langue parlée, créent un climat de tension entre les populations, de racisme, d’exploitation et d’abus en tous genres.

Le Centro Puente, comme son nom l’indique, essaye donc de créer un pont entre les deux communautés (son pendant existe d’ailleurs de l’autre côté de la frontière, le Sant Pon) et, de par ses différentes initiatives, de rendre les relations entre haïtiens et dominicains plus harmonieuses et plus justes.

Et moi là dedans, que vais-je faire ??? Et bien, je vais appuyer la juriste du Centro dans son travail et plus particulièrement dans le cadre des projets que le Centro essaye de développer pour lutter contre les abus commis contre les droits des femmes qui effectuent un travail domestique (les femmes de ménage quoi, profession assez rependue et constamment abusée), ainsi que contre les droits de vendeuses sur le marché binational, soumise à des taxations abusives et abus en tous genres, notamment de la part de la milice frontalière.

Voilà ce que je j’en sais et ce que je peux vous en dire pour l’instant. Ces informations seront complétées, amendées, corrigées, au fur et à mesure que je prendrai le pouls de la réalité qui se cache derrière ces mots.