13 mai 2009

bYe bYe...

Voilà, encore un départ, des émotions, des au-revoirs, regarder tout pour la dernière fois, faire des photos dans sa tête pour être certain de ne rien oublier, serrer les gens fort en leur disant qu’on ne les oubliera pas, qu’on pensera à eux et que “qui sait?” on reviendra peut être… pas facile de partir, à nouveau, cette fois sans perspective de revenir, du moins à court terme. Pas facile de quitter les amis qu’on s’est fait, en se disant que peut être, c’est la dernière fois qu’on les voit mais c’est la vie et, à nouveau, je pars remplie d’une expérience nouvelle, plus riche, plus mûre, prête à foncer vers de nouvelles aventures.

Ma dernière journée, en compagnie de quelques unes des fidèles, fut mémorable. Un de ces escapades de lendemain de veille, dans notre carrosse métallique, à la conquête d’une plage inexplorée, dans le fin fond de Montecristi. Une belle surprise nous attendait au bout de cette route, que dis-je, de cette piste caillouteuse et poussièreuse : une plage immense, quelques malheureux pêcheurs –haïtiens- ramassant quelques tout aussi malheureux poissons dans leurs filets, et nous 4 (Cécile, MarieJo, Pao et moi), batifollant dans la mer aux multiples turquoises.


Au revoir la République. 
Au revoir Haïti. 
Au revoir la frontière, Dajabon-Wanament. 
Au revoir les amis. 
A bientôt, j’espère !

8 mai 2009

Investigation Marathon

Après les premières interviews à la capitale, après m’être plongée dans la Constitution dominicaine, dans le Code du Travail, la Loi de migration (non encore appliquée faute de règlement d’application…), les Conventions internationales et la Convention des Droits de l’Homme évidemment, le travail de terrain a commencé, en étoile depuis Dajabon. Identifier les acteurs clés, former les groupes focaux, recruter une équipe d’enquêteurs, continuer les interviews, préparer les outils de travail (questionnaires d’enquêtes, guides d’interviews, etc), chercher, encore et toujours, à mettre la main sur une liste des plantations agricoles de la province de Montecristi et à défaut, croiser les infos glanées de-ci de-là, pour tenter de déterminer l’échantillon … Bref, une course poursuite infernale, des allers-retours entre les différentes villes, en guaguas lentes et inconfortables, des rdvs souvent inutiles, parfois constructifs, qui mènent à d’autres rdvs, des discussions qui ne mènent à rien, du temps perdu, des soirées et des week end consacrés entièrement au boulot!

Et puis enfin, les premières réunions, des questions ouvertes, des réponses éloquentes ou consensuelles selon les groupes, selon les intérêts et ce we, un marathon d’enquêtes avec les travailleurs migrants, chez eux, dans leurs communautés, que nous avons parfois du chercher pendant des heures avant enfin de mettre la main sur le premier ouvrier et puis sur des centaines parfois désireux de rendre compte de leur situation, parfois craintifs que ces révélations arrivent aux oreilles des employeurs qui risqueraient de les virer, ou pire, de les déporter. Qu’importe pour certains, cela ne sera pas la première fois et ils reviendront encore et toujours parce que les plantations auront toujours besoin de travailleurs haïtiens à exploiter et qu’eux, auront toujours besoin de travail pour essayer d’assurer la survie de leur famille en Haïti.

Je pourrais vous donner mes impressions mais j’anticiperais les résultats de l’investigation, je me tromperais peut être car il convient de dépouiller les questionnaires, de mettre sur pied les statistiques, de croiser les différentes sources d’informations et de les analyser au regard de la législation de référence… mais ce que je peux déjà vous dire c’est que ces gens vivent dans des conditions déplorables, qu’ils sont soumis, pour la majorité, à une exploitation terrible et que leur condition de sans-papier induit non seulement la précarité dans laquelle ils vivent quotidiennement, mais également un traitement discriminatoire et abusif de la part des autorités dominicaines (police, armée, autorités de la migration, état civil –puisque les enfants haïtiens nés sur le territoire dominicain se voient refuser la nationalité dominicaine faute pour leur maman d’être documentée, et ce au mépris du ius soli encore prévu par la Constitution jusqu’à l’approbation définitive de la substitution de celui-ci par le ius sanguini …- écoles –puisque les enfants apatrides se voient également refuser l’accès à l’enseignement, etc) ainsi que de la part d’une certaine frange de la population dominicaine toujours hostile à l’envahisseur haïtien.

6 mai 2009

Fait divers atroce à Santo Domingo

Le Groupement d’Aide aux Rapatriés et Réfugiés condamne les violences contre les migrants/es haïtiens en République Dominicaine 

Note de presse, 4 mai 2009`

La décapitation d’un jeune Haïtien à Santo Domingo dans l’après-midi du samedi 2 mai 2009, en présence d’une foule en colère, est un nouvel acte très grave qui vient s’ajouter à la série de cas d’agression enregistrés depuis le début de l’année contre des migrants/es haïtiens en République Dominicaine. Plusieurs de ces cas ont eu lieu en représailles, suite à des accusations portées contre des Haïtiens qui seraient les auteurs de crimes à l’encontre de dominicains. Selon les informations obtenues, l’Haïtien sauvagement assassiné ce samedi serait le frère d’une autre personne accusée du meurtre d’un dominicain qui lui aussi aurait été préalablement décapité.

Le GARR condamne ce double meurtre qui traduit une détérioration des relations entre Haïtiens/nes et Dominicains/es dans certaines communautés et le laxisme des autorités dominicaines qui n’agissent pas suffisamment avec fermeté pour empêcher la répétition de tels actes. 

(…) 

Le GARR insiste pour qu’une enquête sérieuse soit menée autour de ces nouveaux meurtres et de plusieurs autres survenus depuis le début de l’année 2009. Il réclame la fin de l’impunité pour les agresseurs afin que de tels faits ne se reproduisent plus. Pour édification de l’opinion publique, le GARR publie une liste non exhaustive de faits graves survenus entre janvier et avril 2009 à l’encontre des immigrants haïtiens en République Dominicaine.

La liste est particulièrement longue et les faits divers plus cruels les uns que les autres …